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Charlotte le Grix de la Salle décrypte Crimes, justice et vidéo

Tony Cotte
Publié le 17/11/2010 à 15:59 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:42

Après l’arrêt de + Clair, Charlotte le Grix de la Salle a pris le temps de changer de vie, de l’autre côté de l’Atlantique. Annoncée un temps à la tête d’un magazine sur France 2, l’intéressée n’a en réalité jamais postulé ailleurs depuis son départ de Canal+. Contactée par 13e Rue début 2010 pour assurer la présentation d’une collection événement à l’occasion de l’anniversaire de la chaîne, la jeune femme a accepté sans hésiter. Et pour cause, le programme en question, Crimes, justice et vidéo, revient sur des thèmes dont elle a eu l’habitude d’aborder avec passion par le passé. Maman épanouie et journaliste ravie de revenir en France le temps de la promotion de son nouveau programme, Charlotte le Grix de la Salle fait, pour Toutelatele.com, un tour d’horizon du paysage audiovisuel français et américain.

Tony Cotte : Un an et demi après l’arrêt de + Clair, vous voici de retour sur les petits écrans. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Charlotte le Grix de la Salle : Je suis excitée à l’idée d’avoir eu à travailler sur un nouveau projet, de le défendre et de l’incarner. C’est toujours agréable d’être associée à cet événement à l’occasion de l’anniversaire d’une chaîne. C’est une chance pour moi, d’autant plus sur Crimes, justice et vidéo, qui est un vrai coup de cœur. Ça correspond pleinement à mes envies.

Avez-vous ressenti un manque de l’antenne ?

Quand j’ai arrêté Canal, cela faisait 10 ans que j’étais dans la maison. Il arrive un moment où vous n’avez plus envie d’être à l’antenne juste pour dire de l’être. Après, je ne suis pas de nature nostalgique et je n’ai pas pour habitude de regarder en arrière. Aujourd’hui, j’ai envie de faire de la télévision avec des équipes et des projets qui m’intéressent et dans lesquels je me sens bien.

Crimes, justice et vidéo traite de la relation entre les médias, la police et la justice. Peut-on y voir une suite logique de + Clair qui revenait par moment sur ces thématiques ?

J’ai en effet une légitimité à aborder ces sujets et c’est, je pense, la raison pour laquelle 13e Rue a fait appel à moi. C’est un domaine que je connais. Après, ce n’est pas une émission centrée sur les médias, mais une vraie collection inédite qui revisite tous les univers chers à la chaîne sous le prisme du traitement médiatique.

Quelle est votre implication dans ce projet ?

L’animation, et c’est déjà beaucoup ! Quand une chaîne vous fait confiance pour défendre une collection de huit documentaires qui ont nécessité une grosse équipe, d’incarner un programme, de le défendre auprès des journalistes et du public, c’est une grosse responsabilité. Je suis la vitrine de Crimes, justice et vidéo. J’ai écrit aussi une partie des textes de mes plateaux.

Certaines images vous ont-elles surprise, voire choquée ?

Pendant deux ans dans + Clair nous n’avons pas arrêté de chercher des programmes « trash » étrangers. Rien ne m’a donc étonnée. Mais j’ai appris des choses, notamment sur les prisons (diffusion le 1er décembre à 22h55, ndlr), quand on compare la frilosité du système français qui ne veut pas montrer ses prisons telles qu’elles sont, avec le système belge ou espagnol qui, eux, ouvrent leurs portes en grand aux médias, c’est assez intéressant.

Dans le numéro intitulé « Attention danger télé », on retrouve des cas extrêmes, qui se produisent exclusivement à l’étranger. Peut-on dire que le PAF est finalement bien sage ?

Disons qu’il est à l’abri de ses excès. Mais ce n’est pas le propos du documentaire. À aucun moment on ne se permet de porter un jugement de valeur sur les programmes étrangers. On prend le temps de comprendre pourquoi certaines émissions sont diffusées. Souvent cela s’explique par l’histoire du pays en question, sa culture et sa mentalité. Chaque pays a le système médiatique qu’il mérite. Oui il y a des excès, mais il y a aussi du bon à prendre. De la même manière qu’en France, nous sommes sages, mais aussi trop prudents et trop frileux. Les médias freinent à nous montrer la police telle qu’elle est ainsi que la justice ou encore les prisons. Il y a des enjeux de pouvoir derrière.


Après avoir commenté, analysé et regardé de près les médias français, continuez-vous à vous intéresser à ce sujet même si vous vivez aux États-Unis désormais ?

J’ai toujours une curiosité journalistique. Je regarde de près les médias américains, ça me permet de me mettre dans le bain et d’apprendre la langue. J’ai en plus une activité de consultante pour plusieurs clients français. Ce sont des agences en conseil en communication et pour lesquelles je fais un peu de veilles médiatiques, j’écris des notes et j’étudie des faits marquants de l’actualité. Exemple : Quand Sarkozy vient à New York, comment sa visite est perçue par la presse américaine. Cela permet de comparer les deux systèmes.

Comment jugez-vous cette différence de traitement de l’information entre les médias américains et français ?

La réalité médiatique d’un pays est à son image. C’est une autre culture, c’est une façon différente de commencer les interviews, de les terminer et de poser les questions. Quand je suis arrivée aux États-Unis, je me suis interdit de juger avec mes yeux et mes réflexes français. J’ai essayé de faire abstraction pour découvrir leurs techniques et comprendre comment tout cela fonctionne. Et quand on fait cette démarche, ça devient passionnant. On comprend alors que tout est justifié. Nous ne sommes pas obligés de toujours regarder les excès, il y a aussi du bon...

Qu’avez-vous retenu dans celui-ci ?

Les émissions de politique. Vous avez un niveau d’analyse et de réflexion largement supérieur au nôtre. Le journalisme politique y est excellent.

Qu’en est-il de Fox News, dont l’image ici est pour le moins diabolisée ?

C’est bien là le problème en France. Mais les médias américains sont transparents ; quand vous regardez Fox News, vous savez où vous êtes. C’est une chaîne ultra républicaine et ultra conservatrice qui parle à un public acquis. À l’inverse, sur Comedy Central, vous êtes dans le très démocrate Jon Stewart show. On y parle toute la journée du racisme, des homosexuels... ça brasse tous ces thèmes. C’est une chaîne destinée aux démocrates et personne ne s’en cache. Mais même sur FOX News, le débat est d’une grande qualité. De manière générale, dans les émissions politiques américaines, les invités se font écharpés et certaines questions peuvent être extrêmement offensives. Vous avez un niveau d’argumentation politique qui est sur les faits et non pas sur l’idéologie. Ça, je ne le vois pas à la télévision française.

Quelle téléspectatrice est Charlotte le Grix de la Salle à l’étranger ?

La même qu’en France. J’étais frustrée de ne pas avoir eu droit à ma saison de Nouvelle Star sur M6, dont je suis fan. Je me suis donc mise à American Idol. Après c’est extrêmement difficile de regarder les programmes américains avec leur publicité intempestive. Du coup, je regarde beaucoup en pay-per-view. Je suis une fan de Mad men.